Pause

Il faut se rendre à l’évidence, produire un texte par jour n’est pas compatible avec des travaux de plus longues haleine, surtout lorsqu’on pratique l’écriture comme un hobby.

Après seulement un mois d’existence, je mets donc ce blog en pause de textes quotidiens pour me concentrer sur des projets plus longs et plus travaillés.

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Des mots, une histoire 86 : Une expérience désagréable

La première chose qui le frappa en entrant dans la pièce était l’odeur. L’atmosphère charriait une puanteur pestilentielle de mort et de décomposition.

Il parvint tout de même à garder son sang froid et analysa calmement la situation. Un meurtre avait eu lieu dans cette pièce. Le tapis était gorgé du sang de la victime si bien que le sol était relativement sec, à l’exception de quelques tâches brunâtres séchées parsemées à certains endroits.

Un corps était étendu sur le dos dans un coin de la pièce, les bras écartés, tels les martyrs sur leurs croix. La victime portait encore ses vêtements bien que ceux-ci soient déchirés ou peut-être bien brûlés. Leur état pitoyable permettait difficilement de faire la distinction entre ce qui était préalable à l’incident et ce qui en était la simple conséquence. Bien que son visage et ses mains soient réduits à l’état de lambeaux de chairs, ces pieds nus semblaient avoir échappés à ce qu’il qualifierait maintenant d’une explosion.

Sa première hypothèse fût que la victime avait reçu un colis piégé qui lui avait explosé à la figure au moment de l’ouverture. Malheureusement aucun des éléments éparpillés dans la pièce ne venait confirmer sa théorie. En revanche, vu l’état de relative préservation des pieds par rapport aux débats subis par le visage et les mains. La seule chose qu’il pouvait admettre comme sûre était le fait que la victime tenait l’objet explosif entre ses mains au moment des faits.

Il poursuivit sa fouille minutieuse des lieux et fit quelques trouvailles : une pile de laquelle partait deux longs fils, un fond de bouteille en plastique contenant encore un fond de ce qu’il jugea être de l’eau. Ces découvertes ne suscitèrent guère d’émerveillement de sa part. Il ne voyait pas comment les relier au reste des faits. Pourtant, il fallait qu’il comprenne le déroulement du drame, c’était lui le policier qui avait été dépêché sur place pour présenter les faits aux voisins et au reste du monde. Il était donc de son devoir de leur expliquer pourquoi ce jeune étudiant en sciences, pourtant si calme et si gentil, n’était plus sorti de chez lui depuis plusieurs semaine, et surtout leur annoncer les circonstances du drame.

En continuant ses recherches, il vit aussi une pincée de sel sur la table ainsi que ce qui semblait être des petits morceaux de caoutchouc dispersés dans l’appartement. Néanmoins, c’est en entrant dans la chambre du malheureux qu’il sut ce qui était arrivé.

Sur le lit de l’étudiant, étaient posés côte à côte, un relevé de note catastrophique en chimie nucléaire signé de la main d’un de ses professeurs certainement, ainsi qu’un livre ouvert à une page détaillant le procédé utilisé pour l’électrolyse de l’eau. D’après le livre, en utilisant une pile et de l’eau légèrement salée, afin d’améliorer sa conductivité, on pouvait séparer l’hydrogène et l’oxygène qui composent les molécules d’eau.

La colère de l’étudiant avait dû l’amener à essayer de fabriquer une bombe avec l’hydrogène extrait de la sorte et un ballon de baudruche. Une fois ces conclusions établies et les preuves relevées il s’empressa de quitter les lieux.

Une fois sorti de la maison, il se demanda si l’expérience la plus désagréable était finalement celle menée par l’étudiant, ou celle qu’allait subir la personne qui devrait nettoyer la scène.

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De l’autre côté

Ce matin, il s’est réveillé difficilement, sans savoir expliquer pourquoi. Cela lui parut d’autant plus étonnant qu’il était plutôt du matin. Se lever au aurores, lorsque la brume enveloppe le paysage de sa froide étreinte laiteuse, a toujours été un des moments préférés de ses journées.

Son malaise se fit d’autant plus présent lorsqu’il pénétra dans sa cuisine, tout paraissait être à la même place, mais différemment de la veille. Il lui semblait avoir perdu tous ses repères alors qu’il reconnaissait parfaitement sa maison, chacun des meubles et les objets qui y étaient rangés.

Il parvint à sortir un bol d’un placard après avoir cherché la poignée du mauvais côté. Il se dirigea alors vers la cafetière. Celle-ci, semblant ignorer le ressenti de son propriétaire s’était déclenchée une demie-heure plus tôt pour lui préparer sa boisson matinale habituelle. En attrapant le pot de la main droite, il se sentit brusquement maladroit et le laissa échapper le contenant. Le fracas du ver brisé fût atténué par le liquide brun foncé qui s’écoulait rapidement dans toutes les directions. Il prit alors l’éponge de la main gauche et nettoya le liquide répandu sur le sol. Il le fit avec une aisance insoupçonné.

La journée lui sembla extrêmement longue, à son travail, il fût encore plus désorienté. Il avait l’impression que tout était inversé. Tout ce dont il avait l’habitude aurait dû être de l’autre côté. La majorité des personnes qu’il croisait étaient devenues gauchères.

Il se coucha le soir et mit du temps à trouver le sommeil tant il était perturbé par la journée qui venait de se dérouler.

Le lendemain matin, à son réveil, il se sentait mieux. En ouvrant ses volets, il vit que le ciel était à sa place sous sa maison. Qu’elle même était bien accrochée au sol au dessus de sa tête. Les voitures circulaient suspendues à leur rail supérieur et les oiseaux planaient quelques dizaines de mètres sous ses pieds, juste au dessus des nuages.

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Mot d’absence

Mon amour,

je t’écris cette lettre en proie à l’angoisse la plus totale. Ton absence m’est insupportable.

Malgré mes efforts et ma passion inconditionnelle, il m’est plus dur chaque jour de me souvenir de ton visage. La mémoire de tes mouvements, de tes attitudes est encore bien présente et je m’y accroche comme aux pages d’un livre brûlé dont on souhaiterait recomposer le récit.

Je chéris comme un trésor les images de ta chevelure d’or bouclée tombant sur tes fines épaules. Ses longs traits noirs et fins venant habiller ton dos à la façon de ses antiques égyptiennes. Ils sont si bien assortis avec tes yeux noirs profond. Leur couleur me fait penser à ces noisettes qu’on ramasse à la fin de l’été alors qu’elles ne sont pas encore tout à fait mûres.

Les mots finissent par me manquer, j’en ai utilisé tellement pour combler ton absence qu’il semble ne plus m’en rester. J’ai peur d’être bientôt entièrement vide de toute idée de toi.

Je finis même par craindre que tu n’aies jamais existé…

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Adoration

Elle me dominait de toute sa hauteur. J’étais subjugué par son port altier, par sa coiffure parfaite qui résistait aux éléments en gardant cette sophistication simple qui la caractérisait entièrement. Un regard droit et sûr, un visage fin mais ferme, des lèvres douces et légèrement pincées laissant entrevoir son insatisfaction du monde qui l’entourait.

Sa peau blanche comme le lait et ses courbes idéales sur lesquels le temps ne semblaient pas avoir de prise.

Je l’apercevais lors de mon trajet quotidien pour me rendre sur mon lieu de travail. Chaque fois que mon regard se posait sur elle, j’étais foudroyé sur place, un trou béant à la place de mes entrailles, incapable de réagir.

Un jour pourtant, alors que je me promenais l’après-midi, je la croisais au même endroit que d’habitude. Il faisait particulièrement beau et une chaleur propice à déclencher certaines excentricités. J’osais enfin me diriger vers elle. Je pris mon courage à deux mains, me plantait devant elle, et rassemblant toute ma volonté, je lui adressais un solennel bonjour.

Notre histoire s’arrêta là, alors que mes paroles la laissèrent de marbre…

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Tensions

Ils ne s’adressaient plus la parole depuis plusieurs jours. Ils ne s’étaient pourtant pas disputés, à croire qu’ils s’étaient simplement éloignés.

Aujourd’hui il ne s’agit plus d’une simple distance, alors qu’elle est assise à boire son jus d’orange, sa présence lui est devenue insupportable.

Lui, a choisi de s’isoler derrière son journal, pour endurer le malaise née de sa proximité. Le bruit qu’elle fait en croquant dans son pain grillé l’irrite. Il n’entend plus que ça, comme si quelqu’un broyait du gravier juste à côté de son oreille. Il ne peut même plus se concentrer sur sa lecture. Il soupire.

Et sa respiration, pourquoi doit-il toujours faire autant de bruit, se dit-elle. Il est toujours en train de soupirer. Cela lui évoque le souffle d’un boeuf. Elle se lève et se dirige vers le grille-pain.

Pourquoi mange-t-elle autant ? C’est déjà sa cinquième tartine, les docteurs ne lui ont-ils pas dit qu’elle devait arrêter de prendre autant de beurre ? C’est à croire qu’elle ne les écoute pas. Il voudrait lui dire, mais il sait ce qu’il se passerait alors, et choisit garder sa remarque. Il pose son journal et va se resservir du café.

Elle sent le jugement dans son regard, alors qu’elle étale le beurre sur sa tartine. Comme d’habitude, il ne lui dira rien, il restera assis là à poser sur elle ses yeux sévères en s’enfermant un peu plus dans le mutisme. Elle prend sa tasse et se dirige vers la cafetière. Elle est vide. Il ne lui en a pas laissé. Il ne lui a pas demandé si elle en voulait. Cette fois ci c’en est trop. Elle ne peut plus vivre comme ça…

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Trouvaille

Un après-midi d’automne, alors que j’étais désoeuvré, je décidais d’explorer le contenu de mon grenier.

C’est en fouillant dans le chaos des malles et des cartons poussiéreux que je trouvais un mot esseulé. Je soulevais la charge qui le bloquait pour pouvoir l’extraire de sa prison. La manoeuvre était délicate, car il s’agissait d’un mot extrêmement fragile et son long séjour l’avait encore affaibli.

Je le dégageais avec le plus grand soin, puis soufflais dessus afin d’en révéler le sens. Il était tellement vieux, et avait été oublié depuis si longtemps qu’il en avait perdu sa signification.

J’interrogeais mes souvenirs afin de savoir si ce mot en faisait parti, je finis par sentir une douce chaleur m’envahir alors que je me remémorais les occasions où ce mot avait été utilisé. A leur évocation, l’émotion me gagna et je serrais le mot contre moi.

Malheureusement, il était trop fragile, et il se désagrégea entre mes mains. M..a joie était perdue à jamais…

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Naissance d’une idée

Au départ, c’est un petit rien, qui vient perturber le cours de vos pensées.

Si vous y prêtez un peu d’attention, et que vous essayez de l’attraper, avec un peu de change elle ne vous échappera pas.

Il sera alors temps de la nourrir, de lui accorder votre attention, votre réflexion. Vous pourrez même la voir grandir. Si elle est déjà assez présente ou d’une matière suffisante, lorsqu’une nouvelle silhouette viendra vous perturber, n’hésitez pas à laisser la plus ancienne et à vous concentrer sur celle qui n’est pour l’instant qu’un murmure.

La première, forte de sa nouvelle indépendance, n’en ressortira que plus mature, quand vous vous attarderez à nouveau sur sa destinée.

Parfois, certaines vous échapperons, malgré toutes vos attentions. Ne perdez pas espoir, peut-être que lorsqu’elle sera prête, la timide idée repointera le bout de son nez.

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La petite fille qui disait non

Il était une fois une petite fille qui disait non.

Lorsqu’on lui demandait son nom, elle répondait non.

Quand on l’interrogeait sur son prénom, elle répondait non.

Quelque soit la question, elle répondait invariablement non.

D’affirmations, pas une once, mais des négations tout du long, il semblait que le seul mot qu’elle savait prononcer était non.

Un jour, sa maman lui demanda si elle était jolie. Alors sa mine se fit réjouie, sa bouche s’arrondit et avec un immense sourire, elle répondit: « Oui ».

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Retard

Le temps. Certains le passent à courir après, alors qu’il est déjà parti.

Rattraper son retard, comme si on pouvait modifier son passé. Plutôt que nous attarder sur nos regrets, faisons en sorte de ne plus en avoir.

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