Des mots, une histoire 86 : Une expérience désagréable

La première chose qui le frappa en entrant dans la pièce était l’odeur. L’atmosphère charriait une puanteur pestilentielle de mort et de décomposition.

Il parvint tout de même à garder son sang froid et analysa calmement la situation. Un meurtre avait eu lieu dans cette pièce. Le tapis était gorgé du sang de la victime si bien que le sol était relativement sec, à l’exception de quelques tâches brunâtres séchées parsemées à certains endroits.

Un corps était étendu sur le dos dans un coin de la pièce, les bras écartés, tels les martyrs sur leurs croix. La victime portait encore ses vêtements bien que ceux-ci soient déchirés ou peut-être bien brûlés. Leur état pitoyable permettait difficilement de faire la distinction entre ce qui était préalable à l’incident et ce qui en était la simple conséquence. Bien que son visage et ses mains soient réduits à l’état de lambeaux de chairs, ces pieds nus semblaient avoir échappés à ce qu’il qualifierait maintenant d’une explosion.

Sa première hypothèse fût que la victime avait reçu un colis piégé qui lui avait explosé à la figure au moment de l’ouverture. Malheureusement aucun des éléments éparpillés dans la pièce ne venait confirmer sa théorie. En revanche, vu l’état de relative préservation des pieds par rapport aux débats subis par le visage et les mains. La seule chose qu’il pouvait admettre comme sûre était le fait que la victime tenait l’objet explosif entre ses mains au moment des faits.

Il poursuivit sa fouille minutieuse des lieux et fit quelques trouvailles : une pile de laquelle partait deux longs fils, un fond de bouteille en plastique contenant encore un fond de ce qu’il jugea être de l’eau. Ces découvertes ne suscitèrent guère d’émerveillement de sa part. Il ne voyait pas comment les relier au reste des faits. Pourtant, il fallait qu’il comprenne le déroulement du drame, c’était lui le policier qui avait été dépêché sur place pour présenter les faits aux voisins et au reste du monde. Il était donc de son devoir de leur expliquer pourquoi ce jeune étudiant en sciences, pourtant si calme et si gentil, n’était plus sorti de chez lui depuis plusieurs semaine, et surtout leur annoncer les circonstances du drame.

En continuant ses recherches, il vit aussi une pincée de sel sur la table ainsi que ce qui semblait être des petits morceaux de caoutchouc dispersés dans l’appartement. Néanmoins, c’est en entrant dans la chambre du malheureux qu’il sut ce qui était arrivé.

Sur le lit de l’étudiant, étaient posés côte à côte, un relevé de note catastrophique en chimie nucléaire signé de la main d’un de ses professeurs certainement, ainsi qu’un livre ouvert à une page détaillant le procédé utilisé pour l’électrolyse de l’eau. D’après le livre, en utilisant une pile et de l’eau légèrement salée, afin d’améliorer sa conductivité, on pouvait séparer l’hydrogène et l’oxygène qui composent les molécules d’eau.

La colère de l’étudiant avait dû l’amener à essayer de fabriquer une bombe avec l’hydrogène extrait de la sorte et un ballon de baudruche. Une fois ces conclusions établies et les preuves relevées il s’empressa de quitter les lieux.

Une fois sorti de la maison, il se demanda si l’expérience la plus désagréable était finalement celle menée par l’étudiant, ou celle qu’allait subir la personne qui devrait nettoyer la scène.

Cet article, publié dans Textes, est tagué , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

8 commentaires pour Des mots, une histoire 86 : Une expérience désagréable

  1. Ping : Sous le chapeau | Désir d'histoires

  2. Olivia Billington dit :

    Nettoyer une scène de crime ne doit pas être très agréable, en effet.

  3. covixlyon dit :

    J’imagine le travail du nettoyage…
    Bonne fête de fin d’année

  4. patchcathp dit :

    oh pouah! quelle description! tu vois c’est l’heure de mon p’tit dej… je vais attendre un peu

  5. janickmm dit :

    je vais faire attention lorsque j’ouvrirais mes cadeaux, bientôt sous le sapin, on ne sais jamais !

  6. Valentyne dit :

    J’ai très bien visualisé la scène 🙂 Heureusement je n’avais pas l’odeur 🙂

  7. Ceriat dit :

    Une bonne enquête et un étudiant maladroit qui finit mal, nous donne un texte complet et bien construit. 😀 J’adooore ! 😀 Joyeux Noël ! 😀

  8. Comme quoi: y’ a des devoirs de TP qu’ il ne faut pas faire …………..

Laisser un commentaire